cieletespace

Le Magazine Ciel & Espace consacre sa couverture de janvier 2011 (n°488) à la recherche SETI sous le titre "des signaux extraterrestres auraient été captés". Ciel & Espace a obtenu un entretien exclusif avec Franck Drake, initiateur du projet SETI et père de la célèbre "équation de Drake".


Drake revient sur 50 années de recherche d'un signal radio d'origine extraterrestre, il révêle que des signaux "éphémères" ont été mis en évidence par le projet seti@home et il soupçonne qu'une petite fraction d'entre eux seraient d'origine extraterrestre.

Ces signaux ont été enregistrés alors que le radiotélescope d'Arecibo observait plusieurs étoiles situées par hasard dans le "faisceau" des signaux inexpliqués. Ces signaux, mis en évidence au milieu d'un bruit de fond généré par le "tintamarre" électromagnétique de la Terre, ne se sont pas répétés et n'ont pas pu être localisés.
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Seti@home en 2011

green bank
Le radiotélescope orientable Green Bank situé dans le comté de Pocahontas en Virginie Occidentale
En 2011, Seti@home devrait commencer à exploiter les données du radiotélescope Robert C. Byrd de Green Bank, le plus grand radiotélescope orientable du monde situé en Virginie-Occidentale, aux Etats-Unis. Les données analysées depuis le lancement du projet Seti@home, en 1999, proviennent uniquement du radiotélescope d'Arecibo sur l'île de Porto Rico. Arecibo est un outil extrêmement puissant mais il est fixe et il ne peut donc observer qu'une partie du ciel. Le télescope Green Bank permettra d'écouter les régions du ciel qui jusqu'à présent n'étaient pas couvertes.
Allen
Coucher de soleil sur l'observatoire de Hat Creek
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Dans le même temps, la mise en place de 350 antennes paraboliques de 6,1 m de diamètre se poursuit sur le site de l'observatoire de Hat Creek en Californie (voir l'article détaillé "présentation du réseau de télescopes Allen" publié en décembre 2007).

La stratégie de recherche s'élargit également à de nouvelles longueurs d'onde et aux transmissions lasers.
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Devenez le découvreur d'une exoplanète

mercure transit
Exemple de transit planétaire à l'intérieur de notre système solaire.  Ce cliché montre Mercure passant devant le Soleil en 2006 - Source : Agence Spatiale Européenne - Solar Optical Telescope (télescope spatial de 50 cm de diamètre)
Les internautes du monde entier ont également la possibilité d'aider les chercheurs à découvrir des planètes extrasolaires sur le site www.planethunters.org. Les données sont issues de l'observatoire spatial Kepler, en orbite héliocentrique, depuis mars 2009, autour de la Terre. Kepler observe la luminosité d'environ 100 000 étoiles situées dans la constellation du Cygne et de la Lyre. Pour chaque étoile, on peut placer une centaine de points dans un graphique, on obtient ainsi une courbe de lumière (voir ci-dessous) qui représente l'évolution de la luminosité de l'étoile sur une période donnée.

courbe de lumière
Courbe de lumière d'une étoile naine de magnitude apparente 14,2. La température de surface de cette étoile est de 5 614 Kelvin (soit 5 341 °C), son diamètre représente 80% de celui du Soleil . L'échelle des valeurs en abscisse est ici exprimée en jours. Source : Tutorial du projet planethunters.

L'objectif est donc de déceler les signes d'un transit planétaire (le passage d'une planète devant l'étoile provoque une légère diminution de la luminosité de l'étoile). Les internautes doivent donc analyser ces courbes pour détecter manuellement les baisses de luminosité. Le principal défi consiste à repérer les plus infimes variations de luminosité qui correspondent aux plus petites planètes et peut être même à des planètes telluriques.

Les internautes qui découvriront des transits seront cités dans les publications scientifiques et resteront à jamais comme le découvreur d'une planète extrasolaire et peut être même, pourquoi pas, comme le découvreur d'une planète qui abrite la vie.

(Un sujet relatif à ce projet a été ouvert sur le forum de l'Alliance Francophone pour tenter de partager des techniques de détection de transit planétaire entre membres francophones).

Découverte de planètes extrasolaires, équation de Drake et recherche d'une intelligence extraterrestre

En février 2011, la NASA prévoit la diffusion des données de la mission Kepler, contenant l'emplacement de plusieurs nouvelles exoplanètes qui pourraient abriter une vie intelligente. Ces données pourront être utilisées pour orienter les recherches de signaux extraterrestres vers ces systèmes planétaires.

L'accélération des découvertes de planètres extrasolaires donnent un nouveau regain à la recherche de signaux radio extraterrestres. Dans les prochaines décennies, la recherche Seti ne se résumera plus à chercher une aiguille dans une grange virtuelle remplie de milliards de bottes de foin, mais plûtot à rechercher une aiguille dans une dizaine de milliers de bottes de foin pré-selectionnées.

Les premiers termes de l'équation de Drake commencent à se préciser. Cette proposition mathématique, longtemps considérée comme une vue de l'esprit complétement abstraite voire quelques fois raillé par les scientifiques contemporains à sa formulation, pourrait, dans les prochaines décennies, nous donner une idée du nombre de civilisations extraterrestres présentes dans notre galaxie.

N = R^{*} ~ times ~ f_{p} ~ times ~ n_{e} ~ times ~ f_{l} ~ times ~ f_{i} ~ times ~ f_{c} ~ times ~ L

où :

  • N est le nombre de civilisations extraterrestres dans notre galaxie avec lesquelles nous pourrions entrer en contact,

et :

  • R* est le nombre d'étoiles en formation par an dans notre galaxie,
  • fp est la fraction de ces étoiles possédant des planètes,
  • ne est le nombre moyen de planètes par étoile potentiellement propices à la vie,
  • fl est la fraction de ces planètes sur lesquelles la vie apparaît effectivement,
  • fi est la fraction de ces planètes sur lesquelles apparaît une vie intelligente,
  • fc est la fraction de ces planètes capables et désireuses de communiquer,
  • L est la durée de vie moyenne d'une civilisation.
C'est d'ailleurs ainsi que se conclut l'édito d'Alain Cirou dans le magazine Ciel & Espace :

"Depuis quinze ans et la découverte d'un bon demi-millier d'exoplanètes, l'idée s'est imposée chez les astronomes que ces astres sont un sous-produit de la formation des étoiles. Et que, par milliards, nombre de ces planètes aient pu connaître des conditions favorables à l'émergence de la vie telle qu'elle est apparue sur Terre. Les premiers termes de la fameuse équation de Drake trouvent maintenant des valeurs..."